Centre Culture Régional
Dudelange opderschmelz

1a rue du centenaire
L-3475 Dudelange

15.10.2012

20h00
opderschmelz

Ouverture des portes à 19h30

Michael Formanek est un des grands bassistes de notre temps. Au cours de sa carrière de plus de trente ans, il a joué avec Elvis Costello, Freddie Hubbard, Stan Getz, Chet Baker, Gerry Mulligan, Mingus Big Band, Cedar Walton, Attila Zoller, Dave Burrell, Joe Lovano et beaucoup d’autres. Pour son récent disque en leader sur le label E.C.M., au titre énigmatique « The Rub and Spare Change », Michael Formanek a conçu une trame exigeante et inventive. Une singulière absence de vraies couleurs aboutit à une musique quasi en noir et blanc, scintillant toutefois dans toutes les nuances d’un gris phosphorescent. La violence tranchante des interventions du saxophone, la batterie fiévreusement abstraite, l’ostinato pointilliste poursuivi par des cascades de notes et accords donnant une dimension orchestrale au piano, constituent une texture dense, oppressante, et pourtant lisible, rayonnante. Dans sa stature et sa posture de leader, Michael Formanek pourrait évoquer Charles Mingus par une manière de faire sonner sombrement la contrebasse, de la prendre à bras le corps, mais aussi par son talent d’un rassembleur embarquant des amis musiciens sur son bateau fantôme et les laissant évoluer dans un cadre harmonique et mélodique de l’échange et de l’étrange. L’écriture du contrebassiste permet de diversifier les modes de jeu en s’inscrivant dans les scénarios types du jazz mais en bousculant les attentes et en basculant dans l’onirique âpre et dramatique. Inspiré et concentré, le saxophoniste Tim Berne retrouve naturellement Michael Formanek : ils jouent ensemble depuis presque vingt ans dans ses propres formations. Les chemins du pianiste Craig Taborn et du batteur Gerald Cleaver se croisent fréquemment, car l’un et l’autre sont très actifs sur la scène des musiques dites créatives. La cohésion de ce quartet est exemplaire, elle se reflète dans un fleuve musical qui coule de source et forme une véritable rhapsodie nocturne. Ce chant de la nuit, aux accents faussement rassurants, est aussi trompeur dans ses excès. De la lumière tamisée à l’éclairage vif, la mosaïque ne révèle toute son homogénéité qu’au terme d’un développement malicieux.